Les Fontaines d'Israël

L’œuvre de Schein constitue l’un des monuments les plus importants de la musique allemande au début de l’ère baroque. Elle est aussi un exemple splendide de la richesse du répertoire spirituel protestant.

Les Fontaines d’Israël se présentent comme une suite de vingt-six madrigaux sur des textes spirituels allemands. La dimension madrigalesque se retrouve principalement dans sa manière de traduire les images et les émotions du texte, et de les transposer instantanément en musique, avec une intensité inouïe. L’adjonction de la basse continue suit également l’exemple italien.

Johann Hermann Schein (1586-1630) occupe la fonction de cantor à Saint-Thomas de Leipzig à partir de 1616 jusqu’à sa mort prématurée. Un siècle avant J.S. Bach (son illustre successeur), Schein développe à Leipzig une étonnante activité musicale, dont on peut mesurer l’étendue dans les dix volumes édités de son œuvre. Il se révèle un grand maître dans tous les genres musicaux de l’époque, tant instrumentaux que vocaux. Les compositeurs allemands d’obédience protestante se montraient alors particulièrement réceptifs à l’égard des nouveautés venues d’Italie. Le fait que Schein ait ajouté au titre de son recueil «Les Fontaines d’Israël». (Fontana Israel, Israelis Brünnlein) l’indication suivante : «auf einer italian madrigalische manier» (à la manière d’un madrigal italien) n’est donc pas étonnant. Il fait là une référence explicite au genre par excellence de la musique profane italienne du XVIe siècle, le madrigal, qui fut un véritable laboratoire d’expérience pour les compositeurs de l’époque.